LA MARGINALISATION DES FEMMES DANS LA POLITIQUE NIGÉRIANE ET CELLE DU BÉNIN
INTRODUCTION
Selon Le dictionnaire Universel (2002), la femme est un être humain de sexe féminin, ce qu’elle a de spécifique qui l’oppose à l’homme.
La femme est la compagne parfaite de l’homme depuis la genèse du monde. D’après La Sainte Bible (Genèse 27), Dieu a créé l’homme, il a aussi créé la femme pour être la compagne de l’homme. Ce qui veut dire que religieusement, la femme est l’être qui doit être toujours aux côtés de l’homme.
Mais depuis plusieurs décennies, la gent féminine est devenue l’objet de marginalisation dans la société. En effet, les femmes ont une place limitée dans la société. Elles n’ont pas le droit à la parole en public, tout ceci se voit par leur faible participation dans la vie politique et les instances de décisions du pays.
La femme tout d’abord est une mère éducatrice, une pourvoyeuse de nourriture pour la famille et une source d’affection. Cependant, ces caractéristiques de la femme sont mal vues ou interprétées par les hommes dans la société. Ainsi, on assiste à une violation des droits de la femme.
Face à cette marginalisation récurrente de la femme dans la société, certaines organisations dans le monde se sont mis ensemble pour lutter conte cette injustice sociale. Ainsi, nous assistons à l’avènement de la conférence de Beijing qui se veut la promotion des droits de la femme dans le monde.
Il ne faudrait pas aussi oublier le mouvement féministe qui se donne pour objectif de lutter contre les abus faits aux femmes partout dans le monde.
La marginalisation de la femme dans la politique reste un sujet très préoccupant et qui fait couler beaucoup d’encre. Face à cette situation critique de la femme dans la société (dans le cas du Nigéria et du Bénin), nous avons décidé de nous pencher un peu sur la question de la marginalisation.
Ainsi, pour mener à bien notre étude, notre travail sera en quatre chapitres. Autrement dit, ce mémoire est divisé en quatre chapitres. Le premier chapitre porte sur la vie politique du Nigéria et du Bénin. Ici, nous parlerons aussi de la conférence de Beijing et de la marginalisation des femmes. Le deuxième chapitre est consacré à la marginalisation des femmes dans la politique nigériane, dans les postes électifs et les postes par nomination dans les organes de gouvernement.
Dans le troisième chapitre, nous allons voir la marginalisation des femmes dans la politique béninoise, dans les postes électifs et les postes par nomination dans tous les organes du gouvernement (trois pouvoirs politiques) et le nombre de femmes et leur participation en politique. Dans le quatrième chapitre, nous ferons la comparaison entre la position de la femme dans les deux pays en politique aujourd’hui, le combat des femmes contre la marginalisation et les résultats de la comparaison entre les deux pays dans la participation en politique.
Enfin, nous ferons une conclusion pour faire une synthèse de notre travail.
CHAPITRE UN
LA VIE POLITIQUE, LA CONFÉRENCE DE BEIJING ET LA MARGINALISATION DES FEMMES
1.1 La vie politique au Nigéria et au Bénin
Politiquement, le Nigéria constitue une République fédérale composée de 36 (trente six) Etats et d’un territoire fédéral qui est la capitale.
Ancienne colonie britannique, membre du Commonwealth, le Nigéria est aujourd’hui le pays le plus peuplé du continent africain avec environ 140 millions d’habitants.
Devenu indépendant en 1960, le Nigéria a passé presque toute sa nouvelle existence sous la botte des dictateurs militaires qui ont réussi à maintenir d’une main de fer le pays fragmenté non seulement entre musulmans et chrétiens, mais entre plus de 250 ethnies qui se sont toujours vouées une profonde méfiance, souvent mortelle. La guerre civile qui a suivi la guerre du Biafra en 1967 et qui a fait un million de morts a contribué à consolider les forces armées dont les coups d’état ponctuent régulièrement la vie politique depuis.
Ce sont les régimes militaires qui ont augmenté continuellement le nombre des Etats de la fédération. Ainsi, le Nigéria est passé de trois (3) Etats à quatre (4) en 1964, puis à douze (12) en 1967, à dix-neuf (19) en 1976, à vingt et un (21) en 1987 et à trente (30) en 1990, pendant cette année-là, les administrations locales sont passées de 304 à 589. En 1999, le nombre des Etats fédéraux est passé à trente six (36).
Il faut comprendre aussi que les Etats de la fédération n’ont que fort peu de pouvoirs. Ils sont dépourvus de véritables pouvoirs législatifs, ils se contentent d’administrer le territoire soumis à leur juridiction.
Par ailleurs, la constitution de 1979 a été plusieurs fois suspendue et réinstaurée. Finalement, c’est celle de 1984 modifiée en 1989, puis en 1995, en juillet 1999 et en 2010 qui demeure pour le moment en vigueur au Nigéria.
Politiquement, la République du Bénin compte douze (12) départements qui sont l’Atacora, l’Albori, le Borgou, le Donga, les Collines, le Zou, le Plateau, le Couffo, l’Ouémé, le Mono, l’Atlantique et le Littoral.
Par la suite, le Bénin a connu une histoire politique mouvementée. Surnommée autrefois le ‘quartier latin de l’Afrique’ durant l’époque coloniale en raison de sa vie politique, le pays a connu quatre régimes successifs dirigés par des hommes du sud jusqu’au coup d’Etat du commandant Mathieu Kérékou en 1972. Les douze (12) premières années ont été marquées par une instabilité chronique, car les anciennes élites coloniales pour la plupart originaires du sud se disputaient le pouvoir.
En 1975, pour réduire le poids politique du sud, le nom de Dahomey a été abandonné pour celui de Bénin. Une nouvelle constitution a été instaurée pour un régime à parti unique et promulguée en 1977.
Le Dahomey, puis la République populaire du Bénin du 30 novembre 1975 au 1er mars 1990, aujourd’hui République du Bénin, a connu une évolution constitutionnelle et politique mouvementée depuis la proclamation de la République le 4 décembre 1958 et son accession à l’indépendance le 1er août 1960.
La conférence des forces vives de la Nation qui s’est tenue à Cotonou du 19 au 28 février 1990, a permis l’avènement d’une ère de renouveau démocratique fondée sur l’opposition fondamentale à tout régime totalitaire caractérisé par la corruption. Le peuple a ainsi opté pour un Etat de droit et de pluralisme démocratique dans lequel les droits fondamentaux de l’homme et les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux temporelle, culturelle que spirituelle.
Dès le début, l’organisation politique démocratique verra l’élection de Monsieur Nicéphore Soglo comme président de la République de 1991 à 1996. Les dernières élections ont été marquées par le retour du général Mathieu Kérékou à la tête de l’Etat, en mars 1996.
La république du Bénin dont la capitale est Porto-Novo comprend six départements divisés en 68 sous-préfectures et neuf circonscriptions urbaines, elles-mêmes subdivisées en communes rurales et urbaines. La commune comprend plusieurs villages ou quartiers de ville. La capitale Porto-Novo partage avec Cotonou distante de 30km, les ministères et les autres institutions d’Etat. Après l’échec de l’expérience d’un régime à parti unique instaurée le 30 novembre 1975 et qui a fait du Dahomey la République populaire du Bénin, le pays fait aujourd’hui l’apprentissage de la démocratie stable et durable.
1.2 La délégation des pays dans la conférence de Beijing
La conférence de Beijing est une conférence qui a été organisée en l’honneur de la femme à Pékin en Chine en 1995. C’était la 4eme conférence mondiale sur les femmes qui a eu lieu à Pékin en septembre 1995 et dont la déclaration et le programme d’action ont invité la communauté internationale à s’engager pour la promotion de la femme et l’égalité des sexes. La déclaration, signée par 189 Etats, les exhorte à mettre en œuvre tous les moyens vers une réelle égalité entre l’homme et la femme, une politique de développement et un engagement vers la paix.
La déclaration et le programme d’action de Beijing ont été adoptés par un consensus le 15 septembre 1995. La déclaration reflète l’engagement de la communauté internationale au service de la promotion de la femme et de la mise en œuvre des programmes d’action en veillant à ce qu’une perspective de la promotion de la femme soit appliquée à toutes les politiques et tous les programmes au niveau régional et international.
Les participants à cette conférence étaient les Etats membres, les Nations Unies et les organisations non-gouvernementales. Il y avait au total 3 440 organisations non-gouvernementales représentantes de 138 pays. A cette conférence, une commission de suivie des décisions prises a été mise en place. Elle est composée de 45 membres des Etats membres des Nations Unies qui servent comme commission à tout moment. La commission est composée d’un représentant des 45 Etats membres élu par le conseil basée sur une distribution géographique équitable : 13 membres de l’Afrique, 11 membres de l’Asie, 9 membres de l’Amérique latine et Caraïbes, 8 membres de l’Europe de l’Ouest et autres Etats et 4 membres de l’Europe de l’est. Les membres sont élus pour une période de 4 ans.
Les thèmes principaux abordés sont la promotion et l’autonomisation des femmes en matière de droits humains, les femmes et la pauvreté, les femmes et leur pouvoir décisionnel, la petite fille, les violences faites aux femmes et d’autres domaines de préoccupation. Deux documents sont issus de cette conférence à savoir la déclaration et le programme d’action de Beijing. C’est à travers ces documents que les fonctions des femmes sont définies.
1.3 Les rôles, les fonctions et la participation des femmes dans la conférence de Beijing
La conférence de Beijing a débouché sur un programme en faveur de l’autonomisation de la femme. Son but est d’accélérer la mise en application des stratégies prospectives d’action de Nairobi pour la promotion de la femme. Il traite de l’élimination des obstacles à la participation publique de la femme dans toutes les sphères de la vie privée ou publique via la parité dans les domaines économiques, sociaux, culturels et en ce qui concerne le pouvoir décisionnel en matière de politique.
Le programme d’action établi un certain nombre d’actions qui devraient apporter des changements fondamentaux. La mise en application du programme d’action est une responsabilité principalement gouvernementale, mais aussi institutionnelle à la fois dans les secteurs privés, publics et non gouvernementaux, que ce soit au niveau communautaire, régional mais aussi subrégional et international. La déclaration reflète l’implication de la communauté internationale dans la lutte pour la promotion de la femme et la mise en application du programme d’action. Le programme d’action établit une liste de mesures prises afin que des actions nationales et internationales en faveur de la promotion de la femme soient menées durant les cinq années qui suivent la conférence.
S’il est mis en application, le programme d’action doit permettre d’améliorer l’autonomisation sociale, économique et politique de la femme, sa santé et son accès à l’éducation et doit promouvoir ses droits génésiques c’est-à-dire les droits relatifs à la génération et à la procréation.
La participation des femmes au développement économique et social, l’égalité des chances et la pleine participation sur un pied d’égalité des femmes et des hommes, en tant qu’agents et bénéficiaires d’un développement durable au service de l’individu sont des conditions essentielles à l’élimination de la pauvreté au moyen d’une croissance économique, soutenue, du développement social, de la protection de l’environnement et de la justice sociale.
Grâce à cette participation de la femme, on voit la fonction des femmes dans le développement de la société.
L’accès des femmes dans les conditions d’égalité, aux ressources économiques, notamment à l’accès au crédit, à la science et à la technique, à la formation professionnelle, à l’information, à la communication et aux marchés sont des moyens pour favoriser la promotion des femmes et des filles et le renforcement de leur pouvoir d’action, c’est-à-dire leur fonction en tant que femmes capables.
La conférence de Beijing a réaffirmé que l’égalité de participation aux prises de décisions n’était pas seulement une simple question de justice et de démocratie et qu’on pouvait y voit aussi une condition nécessaire pour que les intérêts des femmes soient pris en considération. Sans une participation active des femmes à la conférence et la prise en compte de leurs points de vue à tous les niveaux de la prise de décisions, les objectifs d’égalité, de développement et de paix sont impossibles à réaliser.
Le programme d’action de Beijing affirme également que les femmes ont le même droit que les hommes de participer à la gestion des affaires publiques et peuvent contribuer à redéfinir les priorités politiques, à inscrire dans les programmes politiques de nouvelles questions et à éclairer d’un jour nouveau les questions politiques générales. Le pourcentage de 35% est donné aux femmes dans la participation en politique.
1.4 Les femmes et la marginalisation dans la société
La marginalisation est l’action ou la tendance à exclure de la société, à faire perdre son intégration sociale. Ainsi, la marginalisation de femme est le fait d’exclure la femme de la société, c’est-à-dire la mettre à l’écart des hommes dans presque toutes les activités.
Dans la société aujourd’hui, on constate que la femme est marginalisée. Cette marginalisation féminine est caractérisée par le faible taux de participation de la femme dans les activités de la société. Elles n’ont aucune représentante dans les instances de décision de la société, même si par hasard, elles avaient leur nombre très limité.
Les jeunes filles aujourd’hui n’ont pas droit à l’éducation comme cela est le cas pour les jeunes garçons. On pense que les jeunes filles doivent rester à côté de leur mère pour qu’elle puisse les enseigner l’éducation de la vie familiale c’est-à-dire une éducation qui est basée sur les enseignements que la femme doit avoir avant de se retrouver chez son époux. Pour bon nombre d’Africains, la place de la femme est au foyer et à côté de ses enfants. C’est cette mentalité africaine qui fait aujourd’hui plus de mal aux femmes que de bien. Les jeunes filles qui ont l’âge d’aller à l’école sont souvent empêchées de continuer à cause des contraintes familiales, voire financières. Ces pauvres jeunes filles sont forcées dès le bas âge au mariage forcé à des hommes polygames. N’ayant plus de soutien, elles sont obligées d’abandonner la route de l’école au profit de celle du foyer. C’est le cas de nombreuses jeunes filles au Nord du Nigéria. Les jeunes filles haoussa n’ont pas la chance d’aller à l’école, car elles sont entraînées pour être des femmes au foyer.
Quant aux jeunes garçons, ils sont libres de poursuivre leurs études. C’est le même cas au Bénin, la scolarité de la jeune fille est au ralenti par rapport à celle du jeune garçon. Les parents préfèrent investir sur les garçons que les filles. C’est cette discrimination de ce genre qui pousse de nombreuses femmes à ne pas s’intéresser à la vie politique. Par conséquent, elles sont sous-représentées dans les instances décisionnelles dans la société. C’est pourquoi des organisations féminines ont mis en place des sensibilisations et des formations à l’endroit des femmes leaders afin qu’elles s’impliquent davantage dans la politique.
De plus, la marginalisation de la femme peut être vu sur les violences faites aux femmes comme les harcèlements sexuels de la part des hommes dans la société, le viol, l’excision qui sont au temps de mal que les femmes subissent dans la société. Il n’y a aucune importance qui est accordée à l’opinion de la femme.
1.5 Les causes de la marginalisation des femmes dans la société
Le déséquilibre du système scolaire, resté longtemps en défaveur des filles est l’une des causes de cette situation.
C’est ce qui explique la pénurie remarquable de cadres femmes, candidates potentielles à des postes décisionnels. Il est bouleversant de constater également que dans certains cas où il existe une compétence féminine avérée, il lui est souvent préférée, à cause des préjugés socio-culturels et de la mentalité rétrograde, une candidature masculine.
La société a encore du mal à reconnaître à la femme la place qui est la sienne et les droits qui lui reviennent. L’obstacle majeur demeure la mentalité. Certains continuent encore à penser que l’homme est destiné au dehors et la femme à la maison. Ces personnes conçoivent mal qu’une femme puisse avoir une vie publique ou politique. Pour eux, ce serait une catastrophe si la femme avait les mêmes droits que les hommes, car elle oublierait bien vite ses responsabilités liées à la maternité et à l’éducation des enfants. Pour d’autres encore, permettre à la femme d’accéder à ses droits serait préjudiciable à l’homme, car son autorité pourrait être remise en cause ou menacée.
En réalité, toutes ces idées sont à priori basées sur l’ignorance, l’incompréhension et le complexe. Si une femme jouit pleinement de ses droits, elle aura certainement assez de moyens pour œuvrer pour le bien-être de sa famille et de son pays.
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